L'EAU DE PLUIE DOIT S'INFILTRER AU PLUS PRÈS DE LÀ Où ELLE TOMBE ! Avant le XIXème siècle les eaux de pluies et les eaux usées, étaient déversées directement dans le caniveau puis à la rivière. Suite aux nombreuses épidémies de peste et de choléra,...
Le lundi 17 juin 2024, une quarantaine d’agriculteurs et agricultrices se sont réunis à Faye-d’Anjou pour explorer une question captivante : « Et si on pouvait cultiver l’eau ? ». La conférence, animée par Samuel Bonvoisin, portait sur l’hydrologie régénérative : une approche novatrice visant à restaurer les cycles naturels de l’eau. Co-animée par le GABB Anjou les Petits Débrouillards et organisée avec le soutien le Syndicat Layon Aubance Louets, cette rencontre a permis de découvrir des solutions concrètes face aux défis climatiques actuels.
L’eau verte vs l’eau bleue : comprendre les cycles hydriques
Dès le début de la conférence, Samuel Bonvoisin a présenté une distinction essentielle : l’eau verte et l’eau bleue.
– L’eau bleue : celle des rivières, lacs et aquifères, que nous pouvons pomper.
– L’eau verte : invisible, elle circule dans les plantes, le sol et tout être vivant.
Une découverte surprenante : 63 % des précipitations mondiales proviennent de l’évapotranspiration des plantes et non des océans ! Le cycle de l’eau verte, souvent négligé, joue donc un rôle fondamental dans la répartition des pluies. Plus un paysage est varié et riche (boisé, végétalisé), plus il peut capter et redistribuer l’humidité, créant ainsi un « recyclage continental » de l’eau avant qu’elle ne retourne à l’océan.
Réparer nos paysages : ralentir, infiltrer, stocker et évapotranspirer
Samuel Bonvoisin a insisté sur le rôle de l’aménagement du territoire dans la gestion de l’eau : nos paysages modernes – fortement drainés, imperméabilisés, et dénués de haies – accélèrent la fuite de l’eau douce vers les rivières et les océans. La conférence a introduit l’hydrologie régénérative comme une solution ambitieuse :
- 1. Ralentir l’eau (en limitant le ruissellement rapide).
- 2. Infiltrer l’eau dans le sol et les nappes phréatiques.
- 3. Stocker l’eau dans la végétation, les sols et l’atmosphère.
- 4. Evapotranspirer pour favoriser les cycles de précipitation.
Des pratiques concrètes sur les fermes
Les participants ont exploré des solutions pratiques :
- – Agroforesterie : planter des haies pour améliorer l’infiltration et l’évapotranspiration.
- – Keyline Design : travailler le sol perpendiculairement à la pente pour mieux répartir l’eau de pluie.
- – Baissières : fossés végétalisés en courbes de niveau pour ralentir et stocker l’eau.
- – Restauration de zones humides et bassins d’infiltration.
Ces pratiques visent non seulement à améliorer la qualité et la disponibilité de l’eau, mais aussi à réduire l’érosion, prévenir les crues et soutenir les écosystèmes agricoles en période de sécheresse.
Ce qui a marqué les participants
De nombreux échanges ont eu lieu après la conférence. Voici quelques-unes des réflexions partagées :
- – Les bactéries font tomber la pluie ! Pseudomonas syringae, présente sur les feuilles, agit comme un noyau de condensation pour les gouttes d’eau.
- – L’eau « rebondit » sur terre avec le recyclage continental (1 goutte d’eau se recycle jusqu’à 6 fois !)
- – Il faut renforcer la rugosité des paysages (haies, bosquets) pour ralentir l’eau et régénérer les cycles hydriques.
- – La vitesse de régénération dans les retours d’expérience (Inde) très impressionnante
Conclusion : Un appel à l’action
Cette conférence a marqué une étape clé dans la sensibilisation des acteurs du territoire aux enjeux de l’hydrologie régénérative. En cultivant l’eau à travers une gestion plus naturelle des paysages, nous pouvons répondre aux défis environnementaux de demain. Mais cela nécessitera engagement collectif, formations et dialogue entre agriculteurs, scientifiques et décideurs.
Nous avons entre nos mains le pouvoir de régénérer nos cycles hydriques. Et si on commençait aujourd’hui ?