Le lundi 17 juin 2024, une quarantaine d’agriculteur·rices se sont réuni·es à la salle des fêtes de Faye d’Anjou pour participer à la conférence de Samue Bonvoisin « Et si on pouvait cultiver l’eau ? ». Evènement financé par le Syndicat Layon Aubance Louets et coordonné parle GABBAnjou et co-animé avec les Petits Débrouillards.

Résumé de la conférence (consulter le compte rendu complet avec photos)
Nous avons commencé par brosser le constat de la transformation du paysage et de son rôle dans l’accélération du cycle de l’eau. D’abord, la politique du « tout tuyau » venant d’une vision de l’eau comme étant une source de problème généralisée à partir de 1960. Drainage, fossé, rectification des cours d’eau, assèchement des zones humides : l’objectif était de rendre praticables un maximum de surfaces. Combinée à l’urbanisation florissante et à l’imperméabilisation des sols, elle a provoqué un raccourcissement brutal du cycle de l’eau douce sur ces territoires, en diminuant drastiquement le « temps de retour à l’océan ». Ensuite, le sol agricole et la capacité des matières organiques à faire éponge et donc à stocker l’eau :

1% de matière organique contenu dans 15 cm de sol équivaut à 250 mètres cubes d’eau stockés à l’hectare. Avec les pratiques agricoles actuelles, nous sommes passés de 4% de matière organique en moyenne dans les sols en 1950 à 1.5% aujourd’hui, ce qui représente
une diminution de la quantité d’eau stockable de 625m3 d’eau/ha. Notre manière d’aménager les paysages et de cultiver provoque une perturbation des cycles de l’eau douce. Deux représentations permettent d’illustrer le fonctionnement de l’eau : l’eau verte et l’eau bleue. L’eau bleue étant celle que l’on peut voir, toucher, pomper. C’est celle qui coule dans nos rivières, dans les lacs, dans les aquifères. L’eau verte est celle qui est contenue dans le sol, dans les plantes et tout être vivant. La première question est : d’où vient la pluie ? A l’échelle mondiale, 63 % de la pluie provient de l’évapotranspiration des eaux vertes par les plantes ! Contrairement à ce que l’on apprend à l’école, seule 37% des eaux de pluie provient
des océans, de l’eau bleue. En pays de la Loire, la proportion est inversée mais plus on va vers l’est et plus la proportion d’eau verte est importante. Ce sont les cycles de l’eau verte qui permettent une bonne répartition des précipitations dans l’espace et dans le temps. « La gestion de l’eau mondiale est une question géopolitique » nous dit Samuel Bonvoisin. En effet, c’est le paysage qui provoque ou non les précipitations mais également la montée de l’humidité évapotranspirée dans l’atmosphère. Il faut donc maintenir et renforcer la rugosité du paysage (concept boîte à oeufs) afin que le cycle de l’eau puisse être régénéré. Une goutte d’eau qui s’évapore de l’océan et retombe sur la terre va à nouveau s’évaporée et retomber sur la terre. Cela en moyenne six fois avant de retomber dans l’océan ! C’est le principe de recyclage continental du cycle de l’eau.