ZONE TAMPON HUMIDE ARTIFICIELLE (ZTHA)
En 2021, pour la première fois sur le territoire du SAGE Layon Aubance Louets, une « Zone Tampon Humide Artificielle » a été aménagée sur une parcelle privée.
C’est une zone positionnée et aménagée en bas de parcelles viticoles qui intercepte les eaux de ruissellements et qui permet d’accentuer l’autoépuration de l’eau avant la rivière. L’eau va être collectée dans les fossés puis entrainée dans des petites noues (petits bassins) en virages entrecoupées de petits seuils en pierre. L’eau arrive ensuite dans un bassin peu profond où elle va être filtrée par la végétation avant rejet dans le fossé puis la rivière, c’est de l’épuration naturelle.
L’étude et les travaux ont coûté 77 000€ (60% par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, 20% par le Conseil Régional des Pays de la Loire et 20 % par le Syndicat Layon Aubance Louets).
- Les élus de la CLE découvrent la ZTHA (Juin 2021)
- ZTHA (Mai 2021)
Un suivi de la qualité de l’eau a été mené en entrée et en sortie de bassin afin d’analyser l’efficacité de ce dispositif notamment sur les pesticides.
Les Zones Tampons Humides Artificielles (ZTHA) sont des aménagements conçus pour intercepter les eaux de ruissellement agricoles, ralentir leur circulation et permettre l’élimination naturelle des polluants (azote, phosphore, matières en suspension, pesticides). Grâce à la végétation, aux sédiments et à un temps de séjour plus long, ces zones jouent le rôle de filtres naturels : décantation, adsorption sur les sols, dégradation biologique.
Elles constituent ainsi un outil efficace de réduction des transferts vers le milieu naturel.
Premiers résultats des analyses de la ZTHA de Jouannet (campagnes 2024)
Deux séries de prélèvements (mai et novembre 2024) ont été réalisées sur les eaux en entrée et en sortie de la ZTHA. Elles montrent une très forte charge polluante à l’amont du bassin, mais également une bonne efficacité épuratoire.
- Azote : des concentrations très élevées… mais plus de 99 % éliminées
En entrée de bassin, les eaux présentaient des niveaux importants en azote, incompatibles avec le bon état écologique. Ces valeurs traduisent :
- un ruissellement rapide après fertilisation,
- ou des apports organiques/minéraux riches en ammoniac.
En sortie, la ZTHA élimine plus de 99 % de l’azote, confirmant son rôle de filtre biologique efficace.
- Phosphore et matières en suspension : même tendance
Les concentrations observées en entrée étaient elles aussi très élevées, notamment en mai où l’on note un épisode d’érosion marqué (130 mg/L de MES).
Le bassin tampon permet toutefois une réduction :
- du phosphore : –99 %,
- des MES : –94 à –98 %.
Ces performances montrent que la ZTHA capte efficacement les particules.
- Pesticides : un fonctionnement plus complexe
Les analyses révèlent :
- 27 molécules détectées au total, principalement herbicides et fongicides ;
- une tendance générale à la réduction des molécules quantifiées en entrée ;
- mais aussi des phénomènes de relargage pour certaines substances, probablement accumulées dans les sédiments ou la végétation.
Un cas particulier est observé en novembre avec une forte concentration de Fluopyram en sortie, qui pourrait résulter d’un épisode de ruissellement direct ou de pollution ponctuelle.
Le bassin tampon réduit certaines molécules, mais agit également comme zone de stockage, susceptible de relarguer certains pesticides selon les conditions hydrologiques.
- Ce qu’il faut retenir
- La ZTHA de Jouannet reçoit des charges polluantes importantes, reflet de pressions élevées sur le bassin versant agricole.
- Elle démontre une efficacité remarquable pour réduire l’azote, le phosphore et les matières en suspension.
- Pour les pesticides, l’efficacité est plus limitée : certaines molécules sont bien réduites, mais d’autres peuvent s’accumuler puis être relarguées.
- Une ZTHA n’est pas une solution miracle : elle constitue le dernier rempart avant l’arrivée des eaux au cours d’eau, mais son rôle est complémentaire et non substitutif aux bonnes pratiques agricoles.
- Ces résultats montrent qu’il est indispensable d’agir en priorité à la source, notamment sur :
- la réduction de l’usage des pesticides,
- la gestion raisonnée de la fertilisation,
- la limitation du ruissellement et de l’érosion.
Les infrastructures agroécologiques comme les ZTHA sont donc des outils précieux, mais elles ne peuvent fonctionner durablement que si elles s’accompagnent d’une évolution des pratiques agricoles sur l’ensemble du bassin versant.




